19 décembre 2006
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C'était au pays du soleil levant,
par une fraîche nuit de printemps ;
près d'un quartier où les forgerons sont réputés
pour leur adresse à façonner des armes effilées.
Elle referma doucement, sans bruit,
le panneau coulissant appelé shoji,
résignée qu'elle était depuis quelques jours,
de la privation douloureuse de son amour.
A part la cérémonie du thé
à laquelle elle ne put se dérober,
elle n'avait rien absorbé des mets
que sa servante avait préparés.
Avec des rubans de soie rouge des genoux aux pieds,
elle s'était posément les jambes entravée ;
préfigurant en cela sur son kimono
les marques de sang qui sillonneraient sa peau.
Le petit poignard au manche en ivoire finement ciselé,
sur une petite table laquée rehaussée d'un coussin,
était posé devant elle, comme un bijou dans son écrin ;
seul objet de la pièce dont la lame dans la pénombre scintillait.
Elle prit des deux mains le tanto,
le dirigeât vers sa gorge, sur sa peau.
Déjà, l'acier froid en elle s'enfonçait
tandis que d'un éclair de douleur, tout son être s'irradiait.
Son capitaine était loin désormais ;
et ses yeux se refermèrent attristés,
enfermant en eux l'image de la lune blanche
qui amorçait sa course ascendante.
La nuit était tombée sur la traditionnelle Kyôto ;
une âme s'envolait de l'ancienne cité du mikado.
Seule, la flamme d'une lampe à huile scintillait,
bientôt soufflée à son tour par un vent glacé.
C'était au pays du soleil levant,
par une fraîche nuit de printemps ;
près d'un quartier où les forgerons sont réputés
pour leur adresse à façonner des armes effilées.
