14 janvier 2007
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521 ans déjà. Comme le temps passe vite. J’ai quand même parfois l’impression d’être vieux quand la nostalgie me prend. Je suis né en 2096, quelques années après la troisième guerre mondiale. Neuf ans plus tard, en 2105 quand a éclaté la quatrième, c’est là que j’ai perdu mes membres arrières. Oh c’est vrai, excusez-moi, je ne me suis pas présenté : je m’appelle NEXOS, et mon maître est le professeur CURVER. Il travaillait çà l’époque où je vous parle à l’ISTA : l’Institut des Sciences et Techniques Avancées. C’est lui qui m’a guéri. Au début, je me suis déplacé sur des roulettes, mais ce n’était pas pratique. Plus tard, la technologie aidant, il m’a installé sur coussins d’air. C’était une période plus calme. Pour moi comme pour l’humanité. Nous étions entrés, en 2115, dans une ère de bonheur et de prospérité. Je commençais quant à moi à me faire vieux déjà, et… bon mais c’est pas tout çà, mais à vue de museau il ne doit pas être loin de 9 cadrans. Excusez-moi, mais je commence à avoir des fourmis dans les pattes. Je vais faire le tour de la coupole avant de manger ; cela me dérouillera les pattes avant. * * * Ça fait du bien ! Ah vous êtes toujours là ? Eh oui, je suis un chien. Cela vous étonne ? Vous savez en télépathie, nous avons le même langage que les hommes. Et puis si cela ne vous plaît pas, il ne fallait pas rentrer en contact avec moi ! Mais non, je ne me vexe pas. Hein, vous voulez que je vous parle de la coupole ? Eh bien c’est une sorte de cloche de verre d’une soixantaine de mètres de diamètre environ, où nous sommes enfermés mon maître et moi. Devant, il y a deux plaques genre cuivre sur lesquelles il y a comme inscriptions : ![]() et ![]() Oh, excusez-moi, je traduis : Homme scientifique du début du vingt-deuxième siècle, et chien : animal quadrupède de la même époque ( spécimen blessé ). Et, … mais enfin, non d’un homme arrêtez de m’interrompre ! Oui, j’ai bien dit enfermés. Hé bien par les autres… les Xylons. Ah oui ! Où avais-je la tête ? Oui, avant ma promenade, je vous disais que vers 2115, il régnait sur terre la paix et la prospérité. C’est alors qu’ils sont arrivés. Les humains n’ont rien pu faire, car à force de se déchirer entre eux au fil des siècles, ils en avaient oublié qu’il pouvait avoir dans l’univers une forme de vie plus évoluée et plus dangereuse. En l’occurrence les Xylons. Mon dieu qu’ils sont laids. Ils ont des têtes de chats. Mon maître pense qu’ils sont déjà venus sur terre à l’aube de l’humanité, et que c’est pour cela que les Egyptiens vénéraient cet animal. Pff ! Bref, ils ont dévasté la terre et réparti les survivants en différents points du globe, dans des sortes de villages comme celui-ci. Oui, des villages. Car il y a une vingtaine de coupoles comme la nôtre à l’intérieur desquelles vit un spécimen d’humain qui correspond à chaque siècle. Qui a parlé de zoo ? Bon, je continue ! c’est en voyant cela que mon maître a compris que les Xylons possédaient aussi la machine à remonter le temps. Toi-même imbécile !… Oh, excusez-moi. Je n’en ai pas après vous, mais les coupoles sont en file sur deux rangées, et comme nous sommes les derniers des terriens, notre coupole fait face au premier, celle de l’homme de néandertal ; et celui-ci passe son temps à nous abreuver de grognements obscènes. Enfin, où en étais-je ? Ah oui. Eh bien à part cet espace réduit où nous évoluons, nous avons eu du mal les cinquante premières années à nous habituer à la pilule d’éternité. C’est une capsule que les Xylons nous donnent tous les jours : cela sert de repas, et permet aussi la conservation de nos cellules dans l’état où nous étions quand les Xylons nous ont capturés, il y a maintenant 507 ans. La pilule nous aide à supporter aussi la solitude, ainsi que nos pulsions et nos envies primitives. Si vous voyez ce que je veux dire… Question spectacles, certains jours nous avons la visite des Xylons, ainsi que de certains habitants de la galaxie invités par les envahisseurs. Nous les regardons défiler devant nous. C’est souvent drôle de voir leurs airs béats. Les plus originaux et les plus difformes sont ceux de pluton ; ceux d’Uranus ont aussi leur côté exotique. Quant aux saturniens… des snobinards ! Mon maître quant à lui, continue ses recherches avec le matériel que les Xylons lui ont laissé. Il a par ailleurs appris quelques langues étrangères ; c’est comme cela qu’il a entendu la rumeur qui circule dans la galaxie. Les visiteurs du village disent qu’il y a quelque part des « créatures » en tout point semblables à mon maître, un peuple reconstitué qui préparerait un retour sur terre. Pendant que mon maître regarde les étoiles en souriant, j’espère que le jour où les siens reviendront, ils amèneront avec eux, des chiennes. Car c’est bien joli la pilule, mais sur terre en 2617, sous domination Xylon, c’est quand même pas une vie de chien… * * * * * * |