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  • : AMERZONE
  • : Ce blog réunit mes écrits depuis des années sur divers sujets : actualité, politique, fascisme, religion, sexe, amitié, sous forme de pamphlets, d' articles, de nouvelles et de poèmes. Il est mis à jour régulièrement. Bon voyage dans mon univers !
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:53
 
Lundi 04 juin – 17 h 30.
 
En arrivant chez lui, Patrice Garnier trouva un avis recommandé pour une lettre ordinaire. Le lendemain en fin de matinée, il se rendit à la poste, remplit le cahier, et la postière lui remit une large enveloppe en papier kraft. Quand il rentra chez lui, il ne l’ouvrit pas tout de suite car il était presque sûr de son contenu. Il se servit calmement un whisky, retourna au salon devant la table basse et déchira l’enveloppe. Il y avait à l’intérieur quatre photos d’un homme encore assez jeune, de taille athlétique, mais de visage ingrat, que Patrice reconnut aussitôt. Accompagnant les photographies, quelques feuillets dactylographiés situaient le personnage : adresse, habitudes, relations. Patrice l’avait situé dès la première photo. Ce n’était un inconnu ni pour lui, ni pour le grand public. Il s’agissait de Marc Di Angelo, officiellement directeur d’une société d’informatique, ainsi que de plusieurs sociétés immobilières.
Il était par ailleurs réputé pour ses relations intimes avec la pègre régionale, et on murmurait qu’il avait aussi des responsabilités au sein même de l’organisation.
Pourquoi Patrice devait le tuer, la question ne se posait pas. Tuer était son métier, et la somme de 100 000 Euros au bas du contrat s’il l’acceptait, avait de quoi dissiper tout état d’âme.
 
Le numéro de téléphone de son contact était à part dans une petite enveloppe, avec une heure d’appel : sûrement une cabine téléphonique. Il alluma une cigarette et rejeta la tête en arrière. Il avait décidé d’accepter le contrat. C’était un des plus gros de sa carrière, et il se sentait assez solide pour l’accepter. L’argent allait lui permettre de souffler quelques années. Après avoir survolé la fiche de renseignements sur Di Angelo, il sortit prendre l’air. En fin d’après-midi, ses pas le conduisirent au Tom-Typ, à quelques rues de là.
Le bar était déjà éclairé car la nuit commençait à tomber. Derrière le comptoir, Christian l’accueillit en souriant.
 
« Oh, Môssieur de Garnier, comment va ? »
« Kiki d’ella Seyna ! Va bene ? » Ils se serrèrent la main.
« Tu prends l’apéritif biou ? »
« Oui, un whisky ; sec hein ! tu me branches le téléphone s’il te plaît ? »
« Pas de problème »
 
Il décrocha le téléphone, et fit le numéro de son contact. La sonnerie retentit deux fois. Quand son correspondant décrocha, il parla le premier.
 
« Patrice. »
« Vous acceptez ? »
« Affirmatif. Versement habituel ? »
« Cela sera fait demain. Vous avez quinze jours pour régler l’affaire. »
 
Il raccrocha. C’était la procédure habituelle.
Il se rapprocha du comptoir. Les clients commençaient à affluer ; c’était l’heure de l’apéritif.
 
« Qu’est ce que tu prends kiki ? » demanda Patrice.
 
« Vé, un petit pastisson, tiens ! Tu connais la dernière ? Ils ont fait un sondage dans le journal local, et il paraît que les rouges vont reprendre la mairie. »
 
Patrice se mit à rire.
 
« Eux ou les autres, c’est la même chose. Aucune différence ; c’est tous des arrivistes. L’hypocrisie sous un vernis de démocratie… »
 
Ils parlèrent encore quelques minutes, puis Patrice vida son verre et paya les consommations.
 
« Tchao, Kiki d’ella Seyna !
« Tchao biou, à la prochaine. »
 
Il rentra chez lui, et après avoir consulté une dernière fois le dossier, il le brûla avec les photos.
 
*          *          *
 
Le lendemain, en milieu d’après-midi, il se rendit à Toulon afin de repérer les lieux. D’abord, il passa à pied en bas de l’immeuble où Di Angelo avait ses bureaux. Jetant des coups d’œil circulaires, il avisa au loin des immeubles d’où il pouvait se poster. Il s’y rendit. C’était des immeubles en démolition, et la pancarte annonçait le futur emplacement des bureaux de la Sotorex. Patrice sourit. Comble d’ironie, pensa-t-il ; c’était une des sociétés de Di Angelo. Il entra dans l’immeuble en délabrement, et monta au quinzième et dernier étage. La vue était parfaite. A trois cent mètres de là ; l’entrée principale des bureaux de Di Angelo se découpait avec netteté.
Il était 15 h 17 et « l’homme d’affaires », selon les renseignements que Patrice avait de lui, sortait tous les jours vers 15 h 30. Il inspecta les environs avec les jumelles qu’il avait emmené et en déduisit que l’endroit où il se trouvait était le plus indiqué pour ce qu’il avait à faire.
 
15 h 28. Di Angelo était ponctuel. Il sortait de l’immeuble, et une grosse voiture blanche de marque Mercedes vint se garer devant lui. Les deux hommes qui l’accompagnaient descendirent les quelques marches avant lui, et ouvrirent la portière arrière dans laquelle il s’engouffra. Un des deux hommes s’installa à côté de lui, et l’autre monta à l’avant. La voiture démarra aussitôt. Patrice baissa les jumelles. La prochaine fois qu’il reverrait Di Angelo, ce serait dans une lunette de visée.
 
*          *          *
 
Le canon de la grosse carabine de chasse luisait sous la lumière tamisée du salon. Patrice ne faisait pas dans la dentelle : il s’agissait d’une 300 Weatherby magnum Mark V. La télévision était allumée, et déversait par l’intermédiaire des informations, son lot de guerres, de meurtres, et de médiocrité hystérico-politicienne. Après avoir nettoyé l’arme, Patrice la rangea dans la mallette qu’il glissa sous le canapé. Cela faisait deux jours maintenant qu’il avait repéré les lieux, et il avait élaboré minute par minute son plan d’action. Dans sa tête, Di Angelo était mort dix fois. Il avait fixé cet instant pour le lundi suivant. Le téléphone sonna. Quand il décrocha le combiné, il entendit la voix chaude de Séverine. Elle était à Toulon, et voulait savoir ce qu’il devenait. Ils prirent rendez-vous à la Régence pour 16 h 00. Cela tombait bien. Il allait en profiter pour téléphoner de la poste, pour savoir si son compte avait été crédité ; ce serait plus discret d’appeler de Toulon. Il était 13 h 45, et il avait encore le temps de finir les quelques chapitres qu’il lui restait de « La nuit des temps » de Barjavel, commencé deux jours auparavant.
 
Vers 15 h 45, il partit à Toulon. Après avoir pris un café avec Séverine, il se rendit à la poste et téléphona à Zurich. Le compte avait été crédité de 50 000 Euros. Il savait que l’autre moitié serait versée une fois le travail terminé.
Le soir venu, il passa prendre Séverine chez elle, et après avoir dîné à Sanary, ils passèrent le reste du week-end chez lui.
 
*          *          *
 
Lundi 11 juin – 15 h 05.
 
Il pénétra dans l’immeuble vétuste et monta au dernier étage. Arrivé devant l’ouverture de la fenêtre, il posa sa mallette et l’ouvrit.
 
15 h 12. La grosse Weatherby dont le magasin contenait quatre balles Hornady de 110 grains, reposait à l’intérieur capitonné de la mallette. Il prit l’arme, ajusta la lunette de visée, et la reposa. Elle avait l’allure d’une bête monstrueuse, prête à cracher ses quelques grammes de plomb.
 
15 h 17. Il alluma une cigarette sans quitter des yeux l’entrée de l’immeuble de Di Angelo.
 
15 h 25. Il prit la grosse carabine de chasse, l’appuya sur l’ouverture de la fenêtre et attendit, l’œil collé à la lunette.
 
15 h 29. Le chauffeur de Di Angelo sortit, et se dirigea vers la voiture en stationnement.
 
15 h 31. Le P.D.G. flanqué de ses deux gardes du corps descendit l’escalier. Un des gardes fit signe au chauffeur, et la voiture approcha. Le visage de Di Angelo se découpa nettement dans les barres fines de la réticule.
Le doigt de Patrice effleura la détente. Et soudain, ce fut l’enfer. Mais pas pour Marc Di Angelo. L’immeuble où se trouvait Patrice se mit à trembler, le projetant à terre ; l’arme lui échappa des mains. Il commençait à se relever, quand une deuxième secousse fit éclater le mur de la pièce où il se tenait, projetant sur lui des éclats de béton et de plâtre. Il porta les mains à son visage ensanglanté. L’instant d’après, en retirant celles-ci, il vit que tout un pan de l’immeuble s’était effondré, sur une hauteur de quatre étages. La pièce où il se trouvait était à moitié démolie. Quand il releva la tête, ce fut pour voir avec horreur une grosse masse sombre pendue au filin d’une grue qui fonçait sur lui. La masse sombre, frappant pour la troisième fois l’immeuble, finit par emporter la pièce où se trouvait Patrice qui fut enseveli sous les décombres…
 
A quelques centaines de mètres de là, la grosse Mercedes de Di Angelo s’éloignait tranquillement.
 
*          *          *
 
Jeudi 14 juin.
 
« … et une page spéciale dans notre journal d’information du jour. Page spéciale, consacrée aujourd’hui à la rénovation du centre-ville. Sujet d’une actualité brûlante s’il en est, après la découverte hier après-midi du corps d’un inconnu retrouvé défiguré dans les décombres d’un immeuble en démolition, à l’emplacement où s’élèveront les futurs bureaux de la Sotorex. A l’occasion de l’extension de cette société, nous recevons à l’antenne, le P.D.G., monsieur Marc Di Angelo. Il sera notre invité dans notre édition de demain à 13 heures. Il est à présent 13 h et 17 minutes, à l’écoute de Micro 83, et nous retrouvons la suite de nos informations après une page de publicité… »
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