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  • : Ce blog réunit mes écrits depuis des années sur divers sujets : actualité, politique, fascisme, religion, sexe, amitié, sous forme de pamphlets, d' articles, de nouvelles et de poèmes. Il est mis à jour régulièrement. Bon voyage dans mon univers !
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:55
Nouvelles

d’outre-mondes

Gilles PILARD

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à Elisabeth G.
ma complice “ Barjavelienne ”
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:54

( voilà la réponse )
 
Je ne veux pas par cette étude rallumer les passions fratricides entre nous autres Français et nos « amis » Anglais, mais nous nous devons moralement par ces lignes, démontrer que la fameuse phrase de Shakespeare : « to be or not to be » ( en français : être ou ne pas être ) a été piquée à notre La Fontaine national. De son vrai nom Jean Larivière, il se devait en tant qu’homme « arrivé », de prendre une particule. Par ailleurs Larivière s’est aussi transformé symboliquement en La Fontaine, pour bien affirmer que le personnage en question était aussi arrivé à un âge mûr ; âge où il aspirait au calme et à la sérénité.
Mais ici, la question n’est pas de savoir qu’il ne soit ou pas de Larivière ou de La Fontaine, lui qui d’ailleurs était né comme beaucoup de grands de l’époque, dans le caniveau.
Non ! de savoir si cette étude doit être ou non publiée, là est la question. C’est un problème de conscience, car en voici le tragiquement presque vrai historique.
En effet, on ne le sait pas beaucoup, mais La Fontaine était ami avec Shakespeare. Je parle du vrai Shakespeare, du fils, pas du père lui aussi dramaturge, mais à qui l’on attribue fâcheusement les plus grandes tragédies.
Car suite au scandale qu’il y eut à l’époque, les historiens qui vinrent après ne pouvaient se permettre de faire coïncider la vie de Shakespeare fils et celle de La Fontaine. C’est pour cela que tous les écrits du fils Shakespeare furent attribués au père. Car en voici l’horrible histoire…
Shakespeare fils et son ami La Fontaine entretenaient une correspondance qui date bien avant que ce dernier soit reconnu comme fablier. C’est pourquoi les lettres datant de cette époque sont signées Larivière. - Lettres, qui par un hasard malheureux pour vous cher lecteur ont été brûlées, mais dont j’ai pu avant extraire les lignes qui vont suivre. Cela se tient d’ailleurs avec une telle logique, qu’il n’y a évidemment pas besoin d’en apporter quelque preuve que ce soit. -
Dans cette correspondance donc, La Fontaine se laisse aller à quelques confidences sur la future fable qu’il compte faire paraître en ces termes :
 
« Ce sera une fable qui relatera un dialogue philosophique entre un hêtre et un roseau. Ce dernier qui se plaint de sa fragilité s’exclame à un moment : « que ne suis-je trop petit pour te ressembler ! » L’arbre lui répond : « Hêtre ou ne pas être hêtre, là n’est pas la question. Tu as ta beauté propre, et ta force en tant que plante. » Qu’en pensez-vous cher ami Shakespeare ? »
 
Vous venez de vous rendre compte cher lecteur, du tragique de cet extrait de lettre, et vous vous doutez de la suite. En effet, muni de cette réplique, Shakespeare au lieu de répondre à son ami La Fontaine se sert de l’idée de celui-ci pour compléter la pièce qu’il était en train d’écrire, et en faire le succès que vous connaissez. Pris de vitesse, La Fontaine ne pu évidemment continuer l’histoire qu’il avait prévue. Grand ami de la nature, il voulut changer son histoire de plantes, et la transposer dans le monde des animaux mais manque de pot, le seul qui lui venait à l’esprit alors, était l’abeille.
 
Mais il s’aperçut avec horreur qu’en anglais, abeille se prononce bee. Il fut alors obligé de revenir à son idée première, de changer l’hêtre en chêne et la discussion philosophique avec le roseau prit la tournure météorologique que nous lui connaissons.
Quant à Shakespeare, tourmenté par le remords, ses œuvres futures seront imprégnées de cet esprit de trahison.(1)
 
(1) voir Woody Allen et Ingmar Bergman.
 
- Etude à venir : Shakespeare était-il juif ? ou, de l’influence de la marque de Caïn sur la littérature anglaise. -
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:54
 
Il faisait chaud dans la pièce où Ludovic se trouvait. Il était torse nu, et le ventilateur qui brassait l’air lui apportait assez de fraîcheur pour qu’il n’ait pas envie de faire une pause. Juché sur une échelle, une main sur le haut de celle-ci, un pinceau dans l’autre, il repeignait consciencieusement le plafond de son salon. Il était à la tâche depuis quelques minutes quand la porte d’entrée de son appartement s’ouvrit. Le peu de bruit qu’elle fit, fut couvert par la musique qui sortait de la chaîne hi-fi. L’homme qui venait d’entrer s’avança à pas de loup dans le couloir. Quand il arriva à l’entrée du salon, il s’arrêta, se plaqua contre l’encoignure de la porte, et scruta attentivement Ludovic qui travaillait. Etant certain que ce dernier ne l’avait pas remarqué, il continua sa progression, lentement, à travers la pièce. Ludovic ne se rendit compte de rien quand l’inconnu arriva au pied de l’échelle. Ce dernier avait une expression farouche sur le visage. Cette expression s’accentua quand il prit un des barreaux à deux mains. Il leva son visage et s’exprima d’une voix sourde, d’une voix comme sortie d’outre-tombe, une voix venue du fond des âges, qui pénétra l’esprit de Ludovic et lui glaça le sang, s’infiltrant au plus profond de ses os le laissant paralysé, sa main se crispant sur le pinceau. Une voix dont l’intonation était lourde de menaces, une voix horrible qui disait dans un souffle :
 
« Accroche-toi au pinceau, j’enlève l’échelle ! »
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:53
 
Lundi 04 juin – 17 h 30.
 
En arrivant chez lui, Patrice Garnier trouva un avis recommandé pour une lettre ordinaire. Le lendemain en fin de matinée, il se rendit à la poste, remplit le cahier, et la postière lui remit une large enveloppe en papier kraft. Quand il rentra chez lui, il ne l’ouvrit pas tout de suite car il était presque sûr de son contenu. Il se servit calmement un whisky, retourna au salon devant la table basse et déchira l’enveloppe. Il y avait à l’intérieur quatre photos d’un homme encore assez jeune, de taille athlétique, mais de visage ingrat, que Patrice reconnut aussitôt. Accompagnant les photographies, quelques feuillets dactylographiés situaient le personnage : adresse, habitudes, relations. Patrice l’avait situé dès la première photo. Ce n’était un inconnu ni pour lui, ni pour le grand public. Il s’agissait de Marc Di Angelo, officiellement directeur d’une société d’informatique, ainsi que de plusieurs sociétés immobilières.
Il était par ailleurs réputé pour ses relations intimes avec la pègre régionale, et on murmurait qu’il avait aussi des responsabilités au sein même de l’organisation.
Pourquoi Patrice devait le tuer, la question ne se posait pas. Tuer était son métier, et la somme de 100 000 Euros au bas du contrat s’il l’acceptait, avait de quoi dissiper tout état d’âme.
 
Le numéro de téléphone de son contact était à part dans une petite enveloppe, avec une heure d’appel : sûrement une cabine téléphonique. Il alluma une cigarette et rejeta la tête en arrière. Il avait décidé d’accepter le contrat. C’était un des plus gros de sa carrière, et il se sentait assez solide pour l’accepter. L’argent allait lui permettre de souffler quelques années. Après avoir survolé la fiche de renseignements sur Di Angelo, il sortit prendre l’air. En fin d’après-midi, ses pas le conduisirent au Tom-Typ, à quelques rues de là.
Le bar était déjà éclairé car la nuit commençait à tomber. Derrière le comptoir, Christian l’accueillit en souriant.
 
« Oh, Môssieur de Garnier, comment va ? »
« Kiki d’ella Seyna ! Va bene ? » Ils se serrèrent la main.
« Tu prends l’apéritif biou ? »
« Oui, un whisky ; sec hein ! tu me branches le téléphone s’il te plaît ? »
« Pas de problème »
 
Il décrocha le téléphone, et fit le numéro de son contact. La sonnerie retentit deux fois. Quand son correspondant décrocha, il parla le premier.
 
« Patrice. »
« Vous acceptez ? »
« Affirmatif. Versement habituel ? »
« Cela sera fait demain. Vous avez quinze jours pour régler l’affaire. »
 
Il raccrocha. C’était la procédure habituelle.
Il se rapprocha du comptoir. Les clients commençaient à affluer ; c’était l’heure de l’apéritif.
 
« Qu’est ce que tu prends kiki ? » demanda Patrice.
 
« Vé, un petit pastisson, tiens ! Tu connais la dernière ? Ils ont fait un sondage dans le journal local, et il paraît que les rouges vont reprendre la mairie. »
 
Patrice se mit à rire.
 
« Eux ou les autres, c’est la même chose. Aucune différence ; c’est tous des arrivistes. L’hypocrisie sous un vernis de démocratie… »
 
Ils parlèrent encore quelques minutes, puis Patrice vida son verre et paya les consommations.
 
« Tchao, Kiki d’ella Seyna !
« Tchao biou, à la prochaine. »
 
Il rentra chez lui, et après avoir consulté une dernière fois le dossier, il le brûla avec les photos.
 
*          *          *
 
Le lendemain, en milieu d’après-midi, il se rendit à Toulon afin de repérer les lieux. D’abord, il passa à pied en bas de l’immeuble où Di Angelo avait ses bureaux. Jetant des coups d’œil circulaires, il avisa au loin des immeubles d’où il pouvait se poster. Il s’y rendit. C’était des immeubles en démolition, et la pancarte annonçait le futur emplacement des bureaux de la Sotorex. Patrice sourit. Comble d’ironie, pensa-t-il ; c’était une des sociétés de Di Angelo. Il entra dans l’immeuble en délabrement, et monta au quinzième et dernier étage. La vue était parfaite. A trois cent mètres de là ; l’entrée principale des bureaux de Di Angelo se découpait avec netteté.
Il était 15 h 17 et « l’homme d’affaires », selon les renseignements que Patrice avait de lui, sortait tous les jours vers 15 h 30. Il inspecta les environs avec les jumelles qu’il avait emmené et en déduisit que l’endroit où il se trouvait était le plus indiqué pour ce qu’il avait à faire.
 
15 h 28. Di Angelo était ponctuel. Il sortait de l’immeuble, et une grosse voiture blanche de marque Mercedes vint se garer devant lui. Les deux hommes qui l’accompagnaient descendirent les quelques marches avant lui, et ouvrirent la portière arrière dans laquelle il s’engouffra. Un des deux hommes s’installa à côté de lui, et l’autre monta à l’avant. La voiture démarra aussitôt. Patrice baissa les jumelles. La prochaine fois qu’il reverrait Di Angelo, ce serait dans une lunette de visée.
 
*          *          *
 
Le canon de la grosse carabine de chasse luisait sous la lumière tamisée du salon. Patrice ne faisait pas dans la dentelle : il s’agissait d’une 300 Weatherby magnum Mark V. La télévision était allumée, et déversait par l’intermédiaire des informations, son lot de guerres, de meurtres, et de médiocrité hystérico-politicienne. Après avoir nettoyé l’arme, Patrice la rangea dans la mallette qu’il glissa sous le canapé. Cela faisait deux jours maintenant qu’il avait repéré les lieux, et il avait élaboré minute par minute son plan d’action. Dans sa tête, Di Angelo était mort dix fois. Il avait fixé cet instant pour le lundi suivant. Le téléphone sonna. Quand il décrocha le combiné, il entendit la voix chaude de Séverine. Elle était à Toulon, et voulait savoir ce qu’il devenait. Ils prirent rendez-vous à la Régence pour 16 h 00. Cela tombait bien. Il allait en profiter pour téléphoner de la poste, pour savoir si son compte avait été crédité ; ce serait plus discret d’appeler de Toulon. Il était 13 h 45, et il avait encore le temps de finir les quelques chapitres qu’il lui restait de « La nuit des temps » de Barjavel, commencé deux jours auparavant.
 
Vers 15 h 45, il partit à Toulon. Après avoir pris un café avec Séverine, il se rendit à la poste et téléphona à Zurich. Le compte avait été crédité de 50 000 Euros. Il savait que l’autre moitié serait versée une fois le travail terminé.
Le soir venu, il passa prendre Séverine chez elle, et après avoir dîné à Sanary, ils passèrent le reste du week-end chez lui.
 
*          *          *
 
Lundi 11 juin – 15 h 05.
 
Il pénétra dans l’immeuble vétuste et monta au dernier étage. Arrivé devant l’ouverture de la fenêtre, il posa sa mallette et l’ouvrit.
 
15 h 12. La grosse Weatherby dont le magasin contenait quatre balles Hornady de 110 grains, reposait à l’intérieur capitonné de la mallette. Il prit l’arme, ajusta la lunette de visée, et la reposa. Elle avait l’allure d’une bête monstrueuse, prête à cracher ses quelques grammes de plomb.
 
15 h 17. Il alluma une cigarette sans quitter des yeux l’entrée de l’immeuble de Di Angelo.
 
15 h 25. Il prit la grosse carabine de chasse, l’appuya sur l’ouverture de la fenêtre et attendit, l’œil collé à la lunette.
 
15 h 29. Le chauffeur de Di Angelo sortit, et se dirigea vers la voiture en stationnement.
 
15 h 31. Le P.D.G. flanqué de ses deux gardes du corps descendit l’escalier. Un des gardes fit signe au chauffeur, et la voiture approcha. Le visage de Di Angelo se découpa nettement dans les barres fines de la réticule.
Le doigt de Patrice effleura la détente. Et soudain, ce fut l’enfer. Mais pas pour Marc Di Angelo. L’immeuble où se trouvait Patrice se mit à trembler, le projetant à terre ; l’arme lui échappa des mains. Il commençait à se relever, quand une deuxième secousse fit éclater le mur de la pièce où il se tenait, projetant sur lui des éclats de béton et de plâtre. Il porta les mains à son visage ensanglanté. L’instant d’après, en retirant celles-ci, il vit que tout un pan de l’immeuble s’était effondré, sur une hauteur de quatre étages. La pièce où il se trouvait était à moitié démolie. Quand il releva la tête, ce fut pour voir avec horreur une grosse masse sombre pendue au filin d’une grue qui fonçait sur lui. La masse sombre, frappant pour la troisième fois l’immeuble, finit par emporter la pièce où se trouvait Patrice qui fut enseveli sous les décombres…
 
A quelques centaines de mètres de là, la grosse Mercedes de Di Angelo s’éloignait tranquillement.
 
*          *          *
 
Jeudi 14 juin.
 
« … et une page spéciale dans notre journal d’information du jour. Page spéciale, consacrée aujourd’hui à la rénovation du centre-ville. Sujet d’une actualité brûlante s’il en est, après la découverte hier après-midi du corps d’un inconnu retrouvé défiguré dans les décombres d’un immeuble en démolition, à l’emplacement où s’élèveront les futurs bureaux de la Sotorex. A l’occasion de l’extension de cette société, nous recevons à l’antenne, le P.D.G., monsieur Marc Di Angelo. Il sera notre invité dans notre édition de demain à 13 heures. Il est à présent 13 h et 17 minutes, à l’écoute de Micro 83, et nous retrouvons la suite de nos informations après une page de publicité… »
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:52
 
Guillaume se sentait bien. Il était 08 h 30, et il était assis devant un copieux petit déjeuner qu’il avait installé sur son balcon. Il faisait un temps magnifique en ce début de juillet et la vue de la campagne au loin, lui apportait un peu de calme et de sérénité après une semaine trépidante. Il termina ses œufs au bacon et décida d’aller faire un footing. Après avoir enfilé son survêtement et chaussé ses baskets, il descendit en bas de son bâtiment, et traversa la route qu’il longea en direction du petit bois.
Il allait d’un bon rythme, quand, dans le virage, apparut une voiture qui roulait à vive allure. Soudain, le chauffeur perdit le contrôle de son véhicule et celui-ci se déporta vers le fossé, fauchant Guillaume qui n’eut pas le temps d’esquisser un geste. Il se trouva projeté dans le fossé tandis que la voiture après quelques tonneaux, finit sa course contre un arbre. Guillaume ne sentait plus son corps, et sa vue un instant troublée, se voila, et il plongea dans les ténèbres…
 
*          *          *
 
Il était dans le noir complet ; ne sentant et n’entendant plus rien. Puis, il vit une forme s’avancer vers lui. Il distingua une femme très belle qui lui souriait ; et elle se mit à parler.
 
« Viens là, viens, approche. »
 « Qui es-tu ? »
« Mais, je suis la mort… ta mort. »
« Je ne pensais pas avoir une si belle mort ; enfin, façon de parler, car sous les roues d’une voiture hein, tu aurais pu trouver mieux. »
 
Se ravisant, il ajouta.
 
« Oh, le moment était déjà venu ? »
 
Une voix parvenant de derrière Guillaume cria.
 
« Mais non, mais non. Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? C’est pas son jour ! »
 
Guillaume se retourna et vit une femme au visage ingrat, tout de blanc vêtue, et auréolée d’un halo de lumière, s’approcher de lui. La mort étouffa un cri de surprise et implora.
 
« Oh, il était si mignon. Laisse-moi le ! »
« Pas question ; ce n’est pas la première fois que tu me fais le coup. Tu m’as déjà piqué James DEAN et Marilyn. »
« Oui mais toi, tu m’as gardé Elvis plus longtemps que prévu. »
 
Guillaume protesta.
 
« Eh les filles, je n’vous dérange pas non ? D’abord, qui tu es toi ? »
« Mais ta vie, voyons ! Tu ne me reconnais pas ? »
 
Il eu un regard un peu dégoûté.
 
« Ouais ! J’aurais dû m’en douter. »
 
« Oui, bon, ben ça va hein ! Répondit-elle d’un air pincé. Allez viens ! Tu n’as pas que ça à faire. »
 
Puis s’adressant à la mort
 
« Allez, rends moi le. »
« Non ! Répondit-elle en boudant. »
 
Guillaume s’emporta.
 
« Hé, j’ai peut-être mon mot à dire, non ? »
 
Elles se mirent à rire toutes les deux, en cœur.
 
« Ah ah ah ! Il ne manquerait plus que cela que tu puisses disposer de nous comme tu le voudrais. »
« Et en plus d’être mignon, il est drôle ! » dit la mort.
 
Dépité, Guillaume cria.
 
« Puisqu’il en est ainsi, j’en appelle aux dieux ! »
 
Soudain, il y eut comme un grand coup de tonnerre. La vie et la mort s’arrêtèrent de rire, et il se fit une grande clarté. Ils virent qu’ils étaient entourés de plusieurs hommes et femmes assis sur des fauteuils; Guillaume reconnut en eux les dieux. Enfin, pour la plupart; notamment Odin, avec sur chaque épaule un corbeau représentant, l’un la réflexion, et l’autre la mémoire.
 
A côté de lui, un jeune dieu qui jouait négligemment avec un marteau, fit un clin d’œil à Guillaume.
 
« Oh, salut Thor. »
 
« Salut à toi humain. J’aurais préféré que tu viennes à nous en combattant. » dit le dieu de l’orage et de la guerre.
 
« Ben moi aussi, tu sais. Mais je n’y peux rien ; c’est de leur faute à toutes les deux » répondit Guillaume en montrant du doigt la vie et la mort qu’on n’entendait plus.
 
« Silence ! Vous parlerez quand je vous questionnerai. »
Odin avait crié si fort, qu’un de ces corbeaux s’envola de son épaule.
 
« Oui père. » répondit Thor.
 
« Approchez vous deux. »
 
La vie et la mort s’avancèrent vers Odin, penaudes.
 
« J’en ai marre de vos différents à toutes les deux. Mettez-vous d’accord une bonne fois pour toutes. Enfin, puisque nous en sommes là, il va falloir choisir. Mais ma réflexion s’est envolée ; alors c’est toi-même mortel, qui va choisir entre ta vie et ta mort. »
 
Celles-ci protestèrent, et les autres dieux s’étonnèrent. Se tournant vers eux, Odin reprit :
 
« Nous devons bien cette faveur au mortel. Après tout, il croit en nous et à notre époque, ce n’est pas évident depuis la venue de l’acrobate. »
 
( Ici, Odin veut parler de Jésus le Nazaréen dit : « Jésus de Nazareth, fils de Marie et du soi-disant Saint-esprit » ; enfin, ne polémiquons pas par respect pour la mémoire de Joseph… )
 
Les dieux satisfaits, applaudirent.
 
« Vingt dieux ! J’en suis bien content s’écria Guillaume. Oh, - s’excusa-t-il aussitôt - c’est une expression d’en bas. »
 
Odin lui lança un regard paternel, et l’invita d’un geste à continuer.
 
« Bien, toi la vie, combien me reste-t-il de temps en ta compagnie ? »
 
« Quarante ans. »
 
« Mon dieu ! Oh pardon, je blasphème. Mes dieux voulais-je dire. Mais je mourrai donc à 68 ans ? Si tard que cela ? Quelle horreur ! »
 
La mort s’approcha de lui, aguichante.
 
« Alors viens, ne perdons plus de temps chéri. »
 
« Prends garde, dit la vie. Tu sais ce que tu gagnes, mais tu ne sais pas ce que tu perds. Dans quelques mois, j’aurai une compagne pour toi et ma foi, tu ne t’en plaindras pas. N’est-ce-pas Athéna ? »
 
La déesse de la sagesse approuva. Une voix langoureuse se fit entendre à côté d’elle.
 
« Oh oui chéri. Cela ne va pas être triste. »
 
C’était vénus, déesse de l’amour qui venait de parler. Elle passa sa langue sur ses lèvres en un regard appuyé sur Guillaume.
 
« Je t’en prie Vénus, - dit Athéna - reprends-toi. »
 
Vénus, confuse, surprise par cet instant d’égarement, baissa les yeux, et reprit sa sérénité. Apollon et Dionysos commençaient à s’agiter, encourageant la vie. Coupant court à toute discussion, ce fut la voix de Lug, un des dieux nordiques qui s’éleva au-dessus du brouhaha, impérieuse.
 
« Vos gueules les Grecs ! Dépêche-toi de choisir mortel, qu’on en finisse. »
 
Guillaume se gratta la nuque.
 
« Ma foi, c’est difficile de choisir car je vous aime bien quand même l’une et l’autre ; alors je vais couper la poire en deux. J’ai décidé de vivre encore vingt ans. »
 
Et, se tournant vers la mort, il ajouta.
 
« Ne m’en veux pas. Je sais qu’elle n’est pas jolie cette vie, mais c’est vrai qu’elle vaut quand même la peine d’être vécue. Et toi dans vingt ans, tu seras encore plus belle, puisque je t’aurai choisie moi-même.
 
Allez, fais pas la gueule la vie. On a encore quand même vingt ans à passer ensemble. D’ailleurs c’est vrai, quand on aime on a toujours vingt ans. »
 
La vie haussa les épaules, le prit par la main et soupira.
 
« Et en plus il fait de l’esprit. Je vais finir par regretter de le faire revenir à moi. »
 
Elle entraîna Guillaume, qui, se retournant une dernière fois, vit sa mort qui boudait.
 
*          *          *
 
En ouvrant les yeux, Guillaume se rendit compte qu’il était allongé dans le fossé. Il était un peu courbatu, mais ne portait aucune égratignure. Il se releva et se dirigea vers la voiture qui l’avait renversé. Elle était encastrée dans l’arbre et son occupant était encore moins joli à voir. Au premier coup d’œil qu’il jeta sur l’automobiliste, Guillaume vit que celui-ci n’avait pas raté son jour. Il espérait quand même pour l’homme, que la mort devant laquelle il se trouvait à présent, était aussi séduisante que la sienne. C’est avec cette heureuse pensée qu’il continua son footing en sifflotant…
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:51
 
« Les blancs commencent. Vite, en place. »
 
D’où provenait cette voix ? On aurait dit qu’elle sortait d’un haut-parleur. JORDEN ouvrit les yeux et les referma aussitôt. Ce n’était pas possible. Il les rouvrit doucement et se redressa sur son lit. Où était-il ? Il se rendit compte tout d’abord qu’il était nu. Au pied de son lit étaient accrochés un glaive, un casque et une cape noire. Il se leva. Son lit se trouvait sur une plate-forme d’une cinquantaine de mètres carrés. A sa droite et à sa gauche, des plates-formes de couleur noire côtoyaient la sienne. Sur chaque plate-forme, un homme le regardait. Ils étaient nus, casqués et armés avec le même équipement que le sien. Celui de droite le héla :
 
« Hé, le nouveau, dépêche-toi ! »
 
Il regarda autour de lui. Devant lui, sur quelques centaines de mètres carrés, s’étalaient alternativement des plates-formes blanches et noires. Sur le côté droit, il y avait deux hommes armés comme lui, et sur sa gauche, cinq autres tous identiques, qui le regardaient. Au-delà, il n’y avait que le vide, que l’espace. Il eut peur de se retourner, et quand il le fit, il trouva ce qu’il avait craint. Il ne resta tourné que quelques secondes, mais il avait vu. Derrière lui, tout au fond, il y avait une grande construction en pierre. Un peu en retrait, en diagonale, se tenait un cavalier en armure dont le cheval piaffait d’impatience. Dans son dos, un bouffon riait et gesticulait, sautillant sur place. A côté du fou, une femme très belle, à l’air grave, une couronne posée sur la tête. A gauche de la reine, cinquante mètres plus loin, un vieillard couronné au visage dur et impassible regardait dans la direction de JORDEN. A la gauche du roi, à nouveau un fou, un chevalier et une tour, chacun sur une case différente. Un échiquier. Un échiquier géant. JORDEN était le pion d’un échiquier géant.
 
« Non ! » cria-t-il.
 
Le roi interrogea : « que se passe-t-il ? »
 
« Rien sire, répondit le fou c’est un fantassin qui n’est pas prêt ! » et il partit d’un éclat de rire.
 
JORDEN s’élança vers lui, mais au bout de sa case, il se heurta à un mur invisible. Le fou agita son spectre dont les grelots retentirent aux oreilles de JORDEN, accompagnés d’un rire dément. Il fit le tour de sa case, et s’aperçut que les quatre côtés étaient fermés par un mur plus transparent qu’une vitre. Il n’en voyait même pas les recoins. Comme dans un rêve, JORDEN entendit le fantassin de droite lui expliquer qu’il devait s’habiller et s’armer, et qu’il lui était impossible de quitter la case sans la permission du joueur. Le soldat lui expliqua aussi que le fantassin qu’il remplaçait était mort dans la partie de la veille, les noirs ayant perdu la bataille.
 
Une nouvelle partie commençait. Hébété, JORDEN se prépara. En face de lui, à quelques centaines de mètres, des fantassins apparurent. Derrière eux, les mêmes personnages que derrière JORDEN, mais tous habillés de blanc. Et la partie commença. Deux voix sorties du néant s’interpellaient et lançaient des ordres. Les « pièces » avançaient lentement, inexorablement.
 
« B6… B6 » appela une voix.
 
Ayant déjà joué aux échecs, JORDEN se rendit compte qu’il s’agissait de sa case. Il était B6. « B6 en D6 ».Résigné, JORDEN avança de deux cases. Le mur invisible n’était plus là pour l’empêcher d’avancer, mais se reconstituait après son passage. La partie s’accéléra ; et après quelques coups, un cavalier blanc surgit sur la gauche, frappa le fantassin en noir qui se trouvait sur la case voisine. Le fantassin disparut dans les airs, et le cavalier s’approcha au bord de la case.
 
« Encore quelques coups et j’en aurai aussi fini avec toi. »
 
Venant de diagonale, le fou en noir surgit, prenant la place du cavalier qui disparut dans les airs. Le fou s’adressa à JORDEN.
 
« Tu as de la chance que notre maître soit un bon joueur, sinon c’en aurait été fini de toi » ricana-t-il.
 
Au loin, une tour bougea. Le fou s’élança à l’autre bout de l’échiquier et JORDEN vit la tour disparaître au loin, dans les airs.
 
« D6 en E7 »
 
JORDEN se retourna. Il lui sembla qu’on le soulevait, et il retomba dans la case de même couleur que la sienne, sur la droite, occupée par un fantassin en blanc.
 
Instinctivement, il leva son arme et frappa. Le fantassin disparut comme les autres. JORDEN regarda son glaive d’où perlait le sang de l’homme qu’il venait de frapper.
Il se reposa quelques instants quand retentit à nouveau l’ordre d’avancer.
 
« E7 en F7 »
 
Mais non. Non. Il ne voulait pas avancer. S’il avançait, il se trouvait en position d’être pris par le second cavalier qui revenait en arrière. Et il comprit. Le « maître » le sacrifiait pour faire avancer le cavalier adverse pour que ce dernier se trouve en position d’être pris par une tour noire, qui se trouvait à côté, en F8. Une force inconnue le poussa à avancer, malgré sa volonté. Dès qu’il fut dans la case, le cavalier blanc surgit, le transperçant de sa lance.
La vue de JORDEN se voila, et il se sentit soulevé de la case.
 
Quand il reprit ses esprits, il était derrière les « lignes ennemies », prisonnier. Une voix le fit se retourner. C’était celle de son compagnon de droite, au début de la partie.
 
« Si le maître perd, nous mourrons tous. Ici, seuls les prisonniers sont mis à mort. Mais s’il gagne, nous regagnons nos pénates. Décidément, ta case de départ est maudite. »
 
Il se mit à rire. Voyant le visage défait de JORDEN, il ajouta :
 
« N’aie crainte, c’est la fin, regarde ! »
 
A deux cent mètres de là en effet, le roi blanc était cerné, d’une part par un cavalier, d’autre part par un fou, tous deux de couleur noire. La reine n’était plus à ses côtés depuis le milieu de la partie. Le roi blanc paraissait vieilli et fatigué. Il s’écroula tandis qu’une voix venant du néant retentit : « Mat ! »
 
Des pions noirs, une clameur de joie s’éleva. JORDEN sourit, et se sentit transporté dans les airs. Il se retrouva sur son lit, et sombra dans l’inconscience.
 
*          *          *
 
Il se réveilla, le visage inondé de sueur. Autour de lui, les murs étaient familiers ; les tableaux à leur place, les armes avaient disparu et ses vêtements se trouvaient à leur place normale. Il se mit à rire, à rire… Il n’avait donc fait qu’un mauvais cauchemar. Il se redressa sur son lit, s’appuyant sur son bras gauche. Une vive douleur lui cisailla le côté. Il regarda son côté et ses yeux s’écarquillèrent.
Une large plaie béante lui meurtrissait le flanc. Une blessure donnée par… un coup de lance.
  * 
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:50
 
- A ceux qui se reconnaîtront, parce qu’ils savent… -
 
 
3537. Quelque part sur la terre :
 
« Là, regardez ! »
 
Le petit groupe d’humains arrêta sa progression. Epuisés, ils virent à quelques centaines de mètres, au milieu de l’étendue désertique qui s’offrait à leurs yeux, un dôme que soutenait une grosse colonne de ferraille de cinq à six mètres de haut. Quand ils se furent rapprochés ils s’aperçurent que la colonne entrait dans la terre, ou plutôt, que celle-ci l’avait recouverte.
 
« Allez chercher le vieil homme » dit celui qui semblait être le chef de la troupe.
 
Deux enfants coururent vers la charrette bâchée qui fermait l’étrange convoi. Ils avaient le corps difforme. La mutation s’était produite à la génération d’après ce que les gens à présent ont appelé le grand soleil, une sorte de cataclysme dont on ne sait plus s’il était naturel ou d’origine scientifique, qui se produisit en 2715. Leur maladie avait d’abord commencé par une malformation des membres et du visage ; et maintenant, depuis quelques années, des taches étaient apparues, formant des croûtes. Ils réveillèrent celui qu’ils appelaient le vieil homme. Celui-ci retira le bandeau qui lui recouvrait les yeux comme beaucoup dans la troupe mettaient pour dormir, car ils n’étaient pas habitués à la constante lumière du jour. En effet, depuis les dix dernières années, il n’avait plus jamais fait nuit sur terre. Ils remontèrent tous trois le convoi, les enfants s’agrippant aux lambeaux de vêtements du vieil homme.
Une fois arrivés devant le chef, celui-ci sans un mot lui montra du doigt l’étrange construction.
Le vieil homme se frotta les yeux et poussa une exclamation :
 
« Le coffre, le coffre ! » cria-t-il plus qu’il ne le demanda.
 
On apporta une grosse malle en aluminium, poussiéreuse et sale. Il l’ouvrit et en retira un gros livre. Feuilletant fébrilement les pages, il s’arrêta devant une photo représentant un immense édifice. La pointe de la construction tout en fer, se terminait par le dôme qu’ils avaient devant les yeux. Sous la photo, une inscription : La tour Eiffel. H 300 m. Paris.
 
Ils s’arrêtèrent quelques heures pour se reposer. Autour du vieil homme, le groupe s’était rassemblé pour écouter les histoires d’avant le grand soleil. Les enfants s’étaient assis devant, immobiles. Sur leurs visages difformes aux taches brunâtres, seuls les yeux avaient conservé un semblant de vie. Le vieil homme parla.
 
« Mon père m’avait raconté une étrange histoire se passant quelques années avant le cataclysme. J’avais alors une dizaine d’années, mais elle me marqua profondément, car beaucoup en parlaient à l’époque. On disait que dans les années 80, des êtres exceptionnels s’étaient rencontrés. Oh pas dans le sens où ils étaient connus, importants sur les plans philosophiques ou scientifiques, non. Mais exceptionnels de par leur valeur, leur éthique. Ils avaient ce que peu de leurs contemporains avaient alors : ils portaient en eux la liberté. La liberté, ce dépassement de soit, l’élévation spirituelle au-dessus de cet univers matérialisme où s’abandonnaient les masses anesthésiées, engluées dans une vie insipide.
D’horizons socialement différents, ils avaient entre-eux un point commun de parenté, ou d’amitié. Dans leurs discussions, il y avait une telle osmose, qu’ils se comprenaient parfois à demi mots, d’un regard, d’un geste. Une telle « communion » entre ces êtres forçait l’admiration de leur entourage. Rien ne laissait supposer alors, aux regards des gens qui les entouraient, ce qui allait se passer.
Car ils disparurent tous, plus ou moins discrètement, suivant qu’ils avaient un travail, des occupations plus ou moins publiques. Il y eut en tout une vingtaine de disparitions le même jour. Quelques temps après, non loin du site de Stonehenge, les corps des disparus furent retrouvés. C’était le 22 juin 2090, le lendemain du solstice d’été. Pendant la nuit, une vive lumière aperçue quelques instants par les gens des villages proches avaient intrigué ceux-ci. C’est le lendemain qu’ils découvrirent les corps. Ils étaient tous morts, mais sur leurs visages se reflétait une expression de calme, de sérénité et de plénitude.
Je ne sais plus pourquoi, mais certains des anciens d’alors les ont appelés : les élus. »
 
Le vieil homme s’arrêta de parler, et à travers la poussière grise leva les yeux vers un soleil jamais recouvert par la nuit.
 
 
3537. Quelque part dans l’espace temps :
 
«  Cela fait paraît-il plus de mille années terrestres que nous sommes partis. Mais qu’importe ici le temps ! »
 
Ils étaient tous là ; Karin qui venait de parler se retourna vers le groupe. Il y avait Renaud, Sabine, Francis, Martine, et quelques autres ; tous de la même race. Les vingt de Stonehenge : les élus.
Oui, qu’importait le temps dans cette dimension. Ils attendaient que cela soit fini « en bas » pour y jeter à nouveau les bases d’une évolution plus saine. Ils se regardèrent, et se trouvèrent beaux. Beaux comme… des Dieux.
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:49

 

 
521 ans déjà. Comme le temps passe vite. J’ai quand même parfois l’impression d’être vieux quand la nostalgie me prend. Je suis né en 2096, quelques années après la troisième guerre mondiale. Neuf ans plus tard, en 2105 quand a éclaté la quatrième, c’est là que j’ai perdu mes membres arrières.
Oh c’est vrai, excusez-moi, je ne me suis pas présenté : je m’appelle NEXOS, et mon maître est le professeur CURVER. Il travaillait çà l’époque où je vous parle à l’ISTA : l’Institut des Sciences et Techniques Avancées. C’est lui qui m’a guéri. Au début, je me suis déplacé sur des roulettes, mais ce n’était pas pratique. Plus tard, la technologie aidant, il m’a installé sur coussins d’air. C’était une période plus calme. Pour moi comme pour l’humanité. Nous étions entrés, en 2115, dans une ère de bonheur et de prospérité. Je commençais quant à moi à me faire vieux déjà, et… bon mais c’est pas tout çà, mais à vue de museau il ne doit pas être loin de 9 cadrans. Excusez-moi, mais je commence à avoir des fourmis dans les pattes. Je vais faire le tour de la coupole avant de manger ; cela me dérouillera les pattes avant.
 
*          *          *
 
Ça fait du bien ! Ah vous êtes toujours là ? Eh oui, je suis un chien. Cela vous étonne ? Vous savez en télépathie, nous avons le même langage que les hommes. Et puis si cela ne vous plaît pas, il ne fallait pas rentrer en contact avec moi !
Mais non, je ne me vexe pas. Hein, vous voulez que je vous parle de la coupole ? Eh bien c’est une sorte de cloche de verre d’une soixantaine de mètres de diamètre environ, où nous sommes enfermés mon maître et moi. Devant, il y a deux plaques genre cuivre sur lesquelles il y a comme inscriptions :
  
 
et
 

 
 
Oh, excusez-moi, je traduis :
 
Homme scientifique du début du vingt-deuxième siècle, et chien : animal quadrupède de la même époque ( spécimen blessé ).
 
Et, … mais enfin, non d’un homme arrêtez de m’interrompre ! Oui, j’ai bien dit enfermés. Hé bien par les autres… les Xylons. Ah oui ! Où avais-je la tête ? Oui, avant ma promenade, je vous disais que vers 2115, il régnait sur terre la paix et la prospérité.
C’est alors qu’ils sont arrivés. Les humains n’ont rien pu faire, car à force de se déchirer entre eux au fil des siècles, ils en avaient oublié qu’il pouvait avoir dans l’univers une forme de vie plus évoluée et plus dangereuse. En l’occurrence les Xylons. Mon dieu qu’ils sont laids. Ils ont des têtes de chats. Mon maître pense qu’ils sont déjà venus sur terre à l’aube de l’humanité, et que c’est pour cela que les Egyptiens vénéraient cet animal. Pff ! Bref, ils ont dévasté la terre et réparti les survivants en différents points du globe, dans des sortes de villages comme celui-ci. Oui, des villages. Car il y a une vingtaine de coupoles comme la nôtre à l’intérieur desquelles vit un spécimen d’humain qui correspond à chaque siècle. Qui a parlé de zoo ? Bon, je continue ! c’est en voyant cela que mon maître a compris que les Xylons possédaient aussi la machine à remonter le temps. Toi-même imbécile !…
Oh, excusez-moi. Je n’en ai pas après vous, mais les coupoles sont en file sur deux rangées, et comme nous sommes les derniers des terriens, notre coupole fait face au premier, celle de l’homme de néandertal ; et celui-ci passe son temps à nous abreuver de grognements obscènes. Enfin, où en étais-je ? Ah oui. Eh bien à part cet espace réduit où nous évoluons, nous avons eu du mal les cinquante premières années à nous habituer à la pilule d’éternité. C’est une capsule que les Xylons nous donnent tous les jours : cela sert de repas, et permet aussi la conservation de nos cellules dans l’état où nous étions quand les Xylons nous ont capturés, il y a maintenant 507 ans.
La pilule nous aide à supporter aussi la solitude, ainsi que nos pulsions et nos envies primitives. Si vous voyez ce que je veux dire…
Question spectacles, certains jours nous avons la visite des Xylons, ainsi que de certains habitants de la galaxie invités par les envahisseurs. Nous les regardons défiler devant nous. C’est souvent drôle de voir leurs airs béats. Les plus originaux et les plus difformes sont ceux de pluton ; ceux d’Uranus ont aussi leur côté exotique. Quant aux saturniens… des snobinards !
 
Mon maître quant à lui, continue ses recherches avec le matériel que les Xylons lui ont laissé. Il a par ailleurs appris quelques langues étrangères ; c’est comme cela qu’il a entendu la rumeur qui circule dans la galaxie. Les visiteurs du village disent qu’il y a quelque part des « créatures » en tout point semblables à mon maître, un peuple reconstitué qui préparerait un retour sur terre. Pendant que mon maître regarde les étoiles en souriant, j’espère que le jour où les siens reviendront, ils amèneront avec eux, des chiennes.
Car c’est bien joli la pilule, mais sur terre en 2617, sous domination Xylon, c’est quand même pas une vie de chien…
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:48
 
Un jour, il se mit à pleuvoir sur terre des milliards et des milliards de petites boules qui recouvrirent la surface du globe. Les scientifiques qui se penchèrent sur la question, rendirent compte de leurs résultats. Ils avaient analysé les boules et s’aperçurent qu’il s’agissait d’une sorte d’engrais.
Leur inquiétude fit place à l’horreur, quand de ces graines, se mirent à pousser des plantes qui s’étendaient à une vitesse vertigineuse. Leurs racines avec une force incroyable, envahissaient les égouts, le métro, s’infiltrant dans les conduits d’aération, s’enfonçant au plus profond de la terre. A l’air libre, c’était la panique. Il n’y avait que deux jours que les graines étaient tombées, et déjà les plantes qui avaient poussé, avaient envahi les villes, s’infiltrant dans les immeubles, dans les rues, paralysant la circulation, causant des dégâts aux installations électriques, détruisant tout sur leur poussée.
L’air s’était raréfié et les gens périssaient d’heure en heure, par millions. Les plantes étaient aussi sorties de la mer, et la recouvraient comme un tapis de verdure. En quelques jours, toute vie animale et humaine avait disparu de la surface du globe. Quand les plantes cessèrent de pousser, elles avaient envahi la terre entière ; il n’y avait plus un seul endroit où l’on pouvait discerner un peu de terre, de béton ou d’eau.
La planète bleue était devenue verte.
 
*          *          *
 
« Aie ! »
 
Le petit garçon qui venait de crier lâcha le sac qu’il tenait, et le contenu de celui-ci se répandit sur le sol. Il porta la main à son oreille que pinçait son père.
 
« Nola, Nola… appela ce dernier. Je viens de surprendre le petit en train de s’amuser avec les satellites en suspension dans le bocal de l’univers. Il a déjà pourri la terre avec les graines de Bucrol dont je me sers pour faire pousser le gazon, et il s’apprêtait à en verser sur Uranus. Tu devrais mieux le surveiller, bon sang !… »
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 22:48

METROPOLICOM

 
METROPOLICOM. Le nom de la cité s’affichait sur son écran d’ordinateur en lettres argentées. François Garroufi reposa sa tasse de café et pianota la suite du programme sur son clavier translucide. La ville apparut à ses yeux, d’abord en vue aérienne, ensuite le quartier qu’il avait sélectionné, enfin le loft qu’il avait créé virtuellement depuis trois mois. Il était à présent à l’intérieur, et dans la peau même de son personnage : Patrick Vilore, 35 ans, célibataire, PDG de la Technicox. Il se sentait bien, fort. Fort de cette puissance conférée par le changement d’identité, sa nouvelle position sociale volée à la réalité quelques heures par jour. Il sortit du loft, monta dans sa Ferrari, une vieille voiture à roues, une merveille de collection du siècle passé qu’il avait achetée par snobisme, et démarra à vive allure en direction du centre commercial. Il se gara devant l’esplanade de celui-ci. En ce samedi, elle était envahie d’habitants. Il les connaissait tous, car ils les avait lui-même créés. Il se dirigeât en sifflotant vers l’agence bancaire.
 
L’intérieur de celle-ci était décoré de couleurs fluorescentes, jaunes oranges et vertes, réminiscences de siècles passés à la mode d’alors. Il se dirigea d’un pas assuré directement au carré VIP, où, pour la première fois, il fut étrangement accueilli par le sous-directeur. Celui-ci blêmit en le voyant.
 
« Oh, monsieur VILORE ! Nous ne vous attendions pas… Je veux dire… C’est que… enfin… il y a un petit problème sur votre compte et... »
 
Le sous directeur monsieur Carnoux était un homme assez grand, mince, bourré de tics. Son allure gauche lui donnait un air timoré. Il rappelait les fonctionnaires tels que les décrivait Courteline trois siècles auparavant.
Devant l’incohérence des explications de celui-ci, Patrick Vilore s’emporta, et demanda à voir le directeur. Celui-ci, un petit rondouillard, arriva à pas pressés, affable, condescendant. Néanmoins, il ne voulu rien entendre : il parlait de mauvais placements, de la conjoncture qui n’était pas favorable, bref, le compte de Patrick Vilore était à sec. De plus, le directeur commençait à le prendre de haut devant l’insistance de son client, menaçant de faire expulser celui-ci. Hors de lui, Patrick sortit de sa poche un pistolet laser dernier cri de marque SMITH & Koch et fit feu sur le banquier. Il vit le front du petit homme virer au rouge, et celui-ci disparaître, éclatant en milliers de morceaux, telle une mosaïque de couleurs.
Patrick restait debout, stupéfait de ce qu’il venait de faire. Déjà, les vigiles accouraient sur les lieux du drame. Il arriva à s’enfuir, reprit sa Ferrari et retourna au loft, à tombeau ouvert.
 
Il referma la porte derrière lui ; il lui fallait à présent retourner dans la réalité. Il appuya sur la touche power de son clavier et vit disparaître la ville virtuelle, le loft où il avait ses habitudes depuis les trois derniers mois, arracha le masque et les électrodes de son visage. La sueur lui perlait sur le visage et dans le dos. Il retrouva son petit appartement, se servit un verre de gin, l’avala d’un trait, quand il entendit frapper à la porte. Il ouvrit. Devant lui, en uniformes bleu ciel et rose fluo, se tenaient les hommes de la police Billgatienne de surveillance informatique.
 
« Monsieur François Garroufi, vous êtes à présent en état d’arrestation pour le meurtre de Monsieur Gérard TAPIéS directeur du crédit toulonnais dans le monde virtuel, et de par là, directement impliqué dans la mort de Sylvio GARCIN qui avait cette identité dans notre réalité. »
 
Les nouveaux BIR ( Bracelets d’Identification et de Repérage ) lui furent passés autour des poignets. Ils étaient d’une nouvelle fabrication, très doux, ce qui avait valu à son inventeur, Klopolk SARKOZY un prix humanitaire de la célèbre association des victimes d’erreurs judiciaires. En effet, celui-ci s’était lancé dans la recherche du bien-être de ses concitoyens et avait créé la fondation SARK-SQUA-PEN pour faire oublier les erreurs d’un de ses ancêtres qui s’était mal conduit au début du siècle précédent.
 
*   *   *
 
L’affaire avait été retransmise sur les chaînes câblées des huit continents par satellite ( Depuis la catastrophe écologique de 2063, la dérive des continents s’étant accentuée, certains s’étaient séparés. En trois parties pour le continent américain - Nord, Sud et Amersud -, et en deux parties pour l’Asie - Asie céleste et Asie du soleil vert - ). C’était en effet la première fois qu’il y avait un meurtre par le biais du virtuel.
Toutes les places avaient été réservées, et certaines vendues au marché noir, jusqu’à cent Kersans. La salle d’audience était comble. Elle était composée d’environ 300 sièges flottants, disposés en demi-cercle un peu comme un amphithéâtre, au centre duquel se tenait l’accusé. En face, comme autrefois, 12 jurés étaient disposés en ligne sur une sorte de plate-forme composée d’un seul et long bloc, siège et pupitre, flottant aussi un peu plus haut que l’assemblée. Derrière et au-dessus d’eux, le seul siège fixe de la salle, symbole de la stabilité du pouvoir suprême, était réservé au juge. Seul l’accusé se tenait debout. Deux assesseurs allaient et virevoltaient de place en place dans la foule, à l’aide de propulseurs à air comprimé, afin d’amener le micro à celui qui, dans l’assistance, désirait faire des commentaires ou poser une question. Le juge prit la parole :
 
« Le Jourdi 30 Maïs de l’ère 2107 à 3 cadrans, madame Danielle GARCIN se tenait à côté de son mari Sylvio, celui-ci étant devant son ordinateur, se livrant à son occupation favorite, le Visiocon. Depuis 15 jours, celui-ci avait pris par abonnement et de façon anonyme, l’identité de monsieur Gérard TAPIéS, directeur du crédit toulonnais, immeuble sis dans le monde virtuel créé par l’accusé monsieur François Garroufi. Madame GARCIN vit tout à coup son mari s’agiter violemment, et après avoir entendu des bruits bizarres provenant de son casque, vit son époux se désintégrer complètement, laissant sur le fauteuil une flaque verte. »
 
Dans l’assistance, la veuve de GARCIN, une femme grande et sèche aux cheveux frisés, longue comme un jour sans pain, se mit à glapir. Son fauteuil fut pris de soubresauts, manquant de la faire chavirer. Un murmure parcourut l’assistance, que le juge ramena vite au calme.
 
« Qu’avez vous à déclarer monsieur Garroufi ? »
 
« Hé bien, j’ai créé METROPOLICOM il y a de cela maintenant quatre mois, et le mois dernier, j’y descendis afin de récupérer des fonds à la banque. »
 
Le juge l’interrompit :
 
« Oui, Maître ? »
 
L’avocat du prévenu approcha son fauteuil. C’était Maître Christian RAVIZ, un avocat très connu des téléspectateurs.
 
« Oui, il faut peut-être préciser à nos auditeurs le but de cette nouvelle dimension dans la technologie du virtuel. En effet, vu la conjoncture économique actuelle, la loi autorise tous les citoyens à gagner de l’argent en travaillant parallèlement dans le monde virtuel. Cela encourage la créativité et évite les blocages subis dans notre monde par certains de nos concitoyens : harcèlement moral, racisme anti-vieux, anti-jeune, discrimination raciale, jalousies hiérarchiques, etc… Tout cela étant contourné par le virtuel qui ouvre un champ d’expérimentation et de création énorme, et encourage l’esprit d’initiative.
Mon client, monsieur Garroufi, a créé il y a quelques moisMETROPOLICOM, et ainsi s’est trouvé à la tête d’un capital non négligeable dont il comptait en retirer une partie pour la rapatrier dans notre monde. En effet, les gains accumulés dans le virtuel sont répartis comme suit : la moitié pour le créateur, le quart pour l’Etat, et le quart restant à réinvestir dans le monde virtuel pour faire vivre celui-ci à son terme, le créateur ayant une obligation de responsabilité de vie envers sa création. »
 
« Merci de cette mise au point maître. Accusé ? ! »
 
« Voilà monsieur le juge. Je me suis rendu à la banque afin de retirer de l’argent… j’avais une provision de 2 millions de kersans… et le directeur m’annonce que mon compte est à sec ».
 
Un petit homme approcha son siège. C’était l’avocat de madame GARCIN.
 
« C’est pourquoi vous l’avez assassiné ! »
 
« Maître CONOMAGLIO, votre tour viendra. » s’interposa le juge.
 
« Mais je ne voulais pas le tuer, ce n’était pas prémédité. Je n’avais pas l’arme sur moi quand je suis entré dans la banque. Je l’ai créée virtuellement au moment où Gérard TAPIES le banquier, s’énervait après Patrick VILORE. Je l’ai créée dans un moment d’énervement. »
 
Les débats qui suivirent portèrent plus sur les nouvelles implications en regard de la loi, de ce nouveau concept virtuo-réél, que sur le geste de François GAROUFFI. En effet, la police Billgatienne de surveillance informatique avait conclu après enquête, que Sylvio GARCIN connaissant le concept virtuel créé par François GAROUFFI et voulant nuire à celui-ci, pour des raisons personnelles et encore obscures, avait délibérément pris l’identité du banquier, et détourné tous les fonds de Patrick VILORE ; ce qui auprès du public, avait créé un regain de sympathie envers celui-ci.
 
Après trois mois de débats parfois houleux et une menace de guerre entre deux des huit continents, les jurés rendirent leur verdict :
 
« L’accusé, monsieur François GAROUFFI est reconnu coupable de la mort de Sylvio GARCIN, conséquence du meurtre de Gérard TAPIES. Mais l’intention de nuire évidente de Sylvio GARCIN, la non-préméditation de l’accusé, le flou juridique entourant les nouvelles technologies et les conséquences que celles-ci entraînent sur la réalité sont telles, que monsieur François GAROUFFI bénéficie de circonstances atténuantes et par conséquence acquitté. De plus, le Crédit Toulonnais est condamné à verser à monsieur GAROUFFI la somme de 4 millions de Kersans en préjudice du dommage causé. Ceci étant jugé conforme en ce Merdi 42 Brout de l’ère 2107. »
 
Le présentateur d’une chaîne télévisée se précipita vers François GAROUFFI.
 
« Qu’allez vous faire avec cette fortune, monsieur GAROUFFI ? »
 
« Non ! VILORE, s’il vous plaît. Eh bien, je vais créer une forêt afin de disposer de bois, comme autrefois, ce qui permettra de fabriquer des livres. »
 
Quelqu’un dans l’assistance s’écria :
« Des livres dans notre monde informatisé ? Ce type est fou ! »
 * 
*       *       *       *       *
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