19 décembre 2006
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Ouverte, une vieille barrière déglinguéecomme endormie sur le bord de la haie,délimite l'entrée du vaste champ de bléentouré simplement de petits murets.Le monstre de fer en droite ligne avance,avalant avec lenteur les épis de blé,les broyant de ses mâchoires acérées,séparant paille et grains, en une dorée semence.La moissonneuse recrache avec facilitésur le flanc de ses entrailles en acier,le blé fraîchement moissonné ;relâchant à l'arrière la paille dissociée.Sur la plate forme étroite les hommes s'activent avec entrain,ouvrant et refermant les vannes crachant le grain,faisant choir à terre les sacs après les avoir liés ;sacs grossis à l'image de nos débonnaires et bedonnants curés.S'installant à l'ombre de chênes centenaires,on s'arrête pour collationner après quelques heures ;pour se régaler des confitures préparées par ma mère,et boire une bolée de cidre avant de reprendre le labeur.La machine progresse doucement,laissant derrière elle un tapis de chaume rigide.Non loin derrière, la botteleuse la suit régulièrement ;petits points de métal dans le champ qui se vide.Les enfants vont et viennent gaiement,courant autour de la remorque, avec empressement ;rapprochant parfois avec peine, la paille dorée,que les adultes envoient avec dextérité.Les hommes chargent les bottes d'un jaune doré ;certains les enfourchent énergiquement, sans flancher,d'autres avec précision, les tassent bien rangées,afin que la pile ne verse pas plus tard, dans un fossé.Fermant la procession au point du jour,une autre remorque arrive à son tour.Pour un dernier voyage la nouvelle venuese gonfle aussi peu à peu de la récolte tant attendue.Tous s'activent dans une sorte de jubilation païenne,hommage des paysans à la terre nourricière qu'ils aiment ;et malgré l'effort, ils s'épongent le visage joyeusement,oubliant la sueur qui macule leurs vêtements.Le soleil a depuis longtemps décliné,et les phares du tracteur sont à présent allumés.On attendra bien demain pour le déchargement ;à la ferme, le repas est préparé qui attend.