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  • : AMERZONE
  • : Ce blog réunit mes écrits depuis des années sur divers sujets : actualité, politique, fascisme, religion, sexe, amitié, sous forme de pamphlets, d' articles, de nouvelles et de poèmes. Il est mis à jour régulièrement. Bon voyage dans mon univers !
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 15:13
Le signe de la paix arboré par les pacifistes, m'a toujours amusé.
Il ne s'agit ni plus ni moins de que la rune de la mort chez les celtes, il y a plus de 4400 ans.
Après tout, il est vrai que pour beaucoup, la mort est la paix éternelle.
Mais comme pour mourir, les hommes n'ont trouvé rien de mieux jusqu'à ce jour que de faire la guerre ... alors, ce n'est pas en jouant les pacifistes qu'ils arriveront à la supprimer. D'ailleurs, jusqu'à quelles extrémités iront-ils pour obtenir gain de cause ?... je n'ose y penser.
 
Je les renverrais donc au vieil adage (ils vénèrent bien les vieux symboles) "Si tu veux la paix, prépare la guerre".
 
Oui pacifistes, si vous voulez la paix, préparez la guerre, car ce n'est pas en supprimant les armes que vous supprimerez la guerre.
L'arme a été le premier outil de l'homme et il en sera le dernier. Il suffit de savoir le manier, en bien ou en mal, mais c'est un outil nécessaire.
 Si vous voulez supprimer les guerres, il vous faudrait supprimer l'homme; car la guerre comme l'amour est un besoin pour l'homme. C'est en lui depuis la nuit des temps, et cela sera en lui éternellement.
On ne peut aller contre l'inconscient guerrier des peuples, qui est un facteur de la nature humaine.
L'homme, on ne peut qu'essayer de le raisonner et le responsabiliser.
Mais cela, c'est un autre problème ...
  
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 15:04
Je m'approche de toi et, dans ton regard, je peux lire ce mélange de pudeur et de provocation, cette osmose de romantisme et de passion, que je retrouve dans nos jeux de l'amour.
Quand ma main remonte le long de tes jambes fuselées, gainées de bas noirs en soie; quand elle arrive en haut de tes cuisses, joue un instant entre tissu et peau, et que j'enfonce doucement, très doucement, mes doigts dans ta toison soyeuse... Quand de l'autre main, je caresse tes cheveux en bataille tandis que ma bouche parcours tes lèvres et ton cou, tes vêtements glissent et s'éparpillent; instants d'effeuillement d'une fleur. Douceur de ta peau, de ton corps à moitié dénudé.
Quand je sens sous mes doigts et ma langue la moiteur de ton fourreau rose et humide et qu'ensuite je glisse mon épieu dans sa chaleur, dans la douceur de ce que tu appelles "ton petit con délicat" où je me plonge avec délectation, pour en ressortir quelques instants plus tard pour honorer ton ... "autre intimité" que tu m'offres impudiquement et que j'entends chanter à mes oreilles la gamme de tes petits cris de jouissance, allant crescendo jusqu'au paroxysme du plaisir, ton corps vibre, ne fait plus qu'un avec le mien, dans cette union charnelle qui nous entraîne au bout de la nuit.
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 15:01
 
Les lumières s'éteignent. Clameur.
Doucement, dans le noir, la musique pleure.
Regards brillants vers la scène,
à la recherche de THIEFAINE.
 
Il est là debout, sous les feux des projecteurs
gueulant sa souffrance, nos désirs et nos peurs;
regard posé sur un futur trop frêle,
sur tellement d'espoirs qu'on en crève.
 
Çà et là, des petites flammes s'allument;
de main en main, des joints circulent;
lâche pas le bout bébé ...
doucement ... on amorce la montée.
 
L'ancien amant de madame Muller
vient de disjoncter, le regard défait;
Au rythme des blues et des mélopées
tanguent des corps jeunes et fiers.
 
Devant la scène, petites, douces et cool,
Carole et Maryline tiraillées par la foule
recherchent le regard d'un Hubert-Félix transi,
qui trimbale des lambeaux de nostalgie.
 
Il est de ces héros solitaires de tous les jours
chevauchant les licornes de nos rêves,
naviguant entre la folie et l'amour
à travers des poésies où le sang coule en sève.
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:59
  
Un jour, un train,
il y a quelques mois;
toi et moi
deux destins
qui se croisent
et qui y croient ...
... six mois !
e
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:59
 
Des territoires occupés
un peuple s'est levé
ne voulant pas se faire submerger
par des colons aux dents acérées.
 
Coiffé d'un keffieh, les pieds nus,
l'enfant s'avance au milieu des ses frères;
visages déformés par la tristesse et la colère,
tous orphelins de la paix qu'ils n'ont jamais connue.
 
Ces cailloux aux creux de leurs mains,
jetés comme à la foire sur des pantins,
c'est des morceaux de leur terre qu'ils tiennent;
armes dérisoires face aux balles israéliennes.
 
De nos jours, David a changé de camp
et Goliath est juif à présent.
C'est toi maintenant petit palestinien,
qui serre l'espoir dans ta main.
 
Aujourd'hui, depuis l'intifada, le soulèvement,
sont morts prés de mille adolescents,
avec dans les yeux la volonté et l'espoir en demain,
de pouvoir libérer leur sol du joug israélien.
 
Tu vivras Palestine, tant qu'il y aura des hommes comme tes enfants;
mais est-ce bien utile de les envoyer si jeunes verser leur sang
face à ces nouveaux tortionnaires qui n'ont rien à envier
à leurs anciens bourreaux nazis, après les avoir tant décriés.
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:55
Barbituriques ou revolver Massika ? Je ne sais comment tout cela finira. Cela dépendra de ma journée. Ce sera tout ou rien.
Partir tranquillement ou dans un baroud d’honneur, l’un ou l’autre ... tu sais que je n’aime pas les compromis.
Ce jour-là, tu auras déjà ouvert depuis quelques mois ton troisième centre d’astrologie, Karin aura trouvé son coin de Patagonie, Jean-Michel sortira son deuxième album C.D., Clémentine aura son quatrième gosse après Pat, Maïte et Tainny, ma petite souris entrera au ministère des affaires sociales, et Dame organisera un défilé de mode au Louvre pour le vernissage des oeuvres de Diop, après avoir assisté dans la journée à la remise de la Légion d’honneur à Ludivine par Jean-Loup SIEFF, le nouveau ministre de la culture.
Ce jour-là, il fera malgré tout encore plus gris dans ma vie. Gris et beau. Gris et beau comme une chanson de LEOTARD ou un texte de BOHRINGER.
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:52
  
J'aimerais larguer les amarres,
partir au loin, sans espoirs.
Trouver un ailleurs
qui serait peut-être meilleur.
 
Mais pourquoi ? au loin c'est comme ici;
car ils sont d'ailleurs nos amis.
Comme la guerre, l'amitié est partout,
comme eux, d'Argentine et du Pérou.
 
Entre la flûte de pan et le vin rosé,
au milieu des rires de Bertrand et de sa femme,
ceux de Yoël, Karin, et Marie-Jeanne,
passent les soirées de ce début d'été .
 
Autour de la table ou l'on a mangé la feijoda
quand vient le moment de frapper la tequila,
on écorche alors un peu quelques chansons,
de BREL et de BRASSENS, reprises à l'unisson.
 
L'autre soir, nous parlions de Jorque et d'Enriqué;
et quand Badia chantait,
elle nous entraînait dans les textes de son frère
dans lesquels, sous la provocation et l'émotion, pointe la colère.
 
Lève ton verre ami,
lève ton verre à cet instant qui nous réunit;
et si demain la vie me sépare de toi,
lève ton verre à la mort qui nous réunira.
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:47
*** Le texte qui suit, tend à démontrer au lecteur qui se poserait encore des questions quand au caractère irrécupérable de l'auteur, qu'il ne s'est pas trompé sur ce dernier. ***
 
Je suis arrivé au monde en criant, en protestant - déjà ! diront certains - soulevé par les pieds par un type qui m'avait assené de grandes claques sur les fesses. Quelques semaines plus tard, allongé dans le plus simple appareil sur une peau de mouton, j'attendais dans un studio photo l'envol hypothétique du petit oiseau promis par le photographe ... en vain.
Ainsi, en deux mois à peine après ma naissance, j'avais déjà été confronté à la violence et au mensonge ... Traumatisant non ?
 
  
 
Quelques années plus tard, j'avais assisté au cinéma, à "La guerre des boutons", le film d'Yves ROBERT.
 
J'ai bien l'impression que dans quelques années l'on assistera à une autre guerre des boutons. Mais ce ne sera pas la même et cela sera sûrement la dernière.
 
Comme le disait BARJAVEL : "Un adulte est un enfant qui a commencé à pourrir." Les "petits enfants" d'Yves ROBERT ont continué à grandir, n'ont rien renié de leurs jeux et ont trouvé d'autres moyens pour élargir leur territoire. HIROSHIMA et NAGASAKI nous en ont donné l'exemple: on commence par appuyer sur un bouton, et cela se termine par ... des pustules.
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:36
 
Comme GOETHE, au seuil de la mort,
quand l'ombre de celle-ci
prend possession des corps,
on en appelle à la lumière.
Trop tard.
CERBERE est là,
à la porte de l'enfer
qui attend.
Saint PIERRE lui aussi,
à la porte du paradis
qui attend, en face.
Pile ou face ?
Le purgatoire, c'est fait ...
c'était sur terre;
on a assez donné.
Maintenant c'est tout ou rien !
Mais pourquoi choisir le bien
si on peut choisir le mieux ?
Allons allons, mon gars.
Çà y est; tu le sais maintenant
que le choix est restreint
et qu'il se fait d'après les critères chrétiens.
Réfléchissons.
Prenons deux personnes opposées.
Si Jerry Lee LEWIS "The killer"
et son cousin le prédicateur
Jimmy SWAGGART étaient morts,
d'après les critères cathos,
ce dernier aurait plus de chances
d'avoir son billet pour la porte de Saint PIERRE.
Donc Jerry LEE se retrouverait en enfer.
Bon, prenons ceux qui sont morts;
d'abord ceux qui sont censés être "bons":
TORQUEMADA, exterminateur de l'inquisition
au nom de la sainte église catholique.
Curés exterminateurs des Celtes,
responsables de la décapitation de 4500 saxons à Verden,
juste parcequ'ils ne voulaient pas devenir chrétiens.
GHANDI qui a poussé à l'extermination passive des milliers
et des milliers d'hindous au non de l'amour et de la non-violence.
HITLER dont les soldats avaient sur leur ceinturon
l'inscription: "Dieu est avec nous".
Plus quelques types du KU-KLUX-KLAN.
Il en a des potes Dieu!
Et Jeanne D'ARC depuis canonisée,
est-elle réconciliée avec l'évêque COCHON,
sur un petit nuage, autour du barbecue de l'amitié?
Voyons maintenant les "méchants":
L'anglais COMDOM, inventeur du préservatif,
dont l'usage est condamné par l'église.
Elvis PRESLEY aux déhanchements sataniques.
L'empereur HADRIEN, Von-STERNBERG, RIMBAUD,
GALILEE qui a eu tort d'avoir raison trop tôt;
et si GAINSBOURG y est, son briquet à la main,
Dieu n'aura-t-il quand même pas besoin de lui
pour allumer son havane?
Ce serai drôle çà, Dieu en enfer!
Après tout, s'il est partout,
pourquoi pas là aussi?
Et ce diable de DALI,
où pensez-vous qu'il soit assis?
Au paradis,
à coté de la vierge?
En enfer,
le cul sur une fourmilière?
Allons, allons!
Comme le dit GU mon pote,
soyons rock!
D'ailleurs mon choix est fait,
depuis que j'étais petit,
quand j'y croyais encore.
J'avais choisi la voie de l'enfer,
quand je quittais la messe avant la fin,
le dimanche midi, cela pour ne pas rater
le début de la fabuleuse aventure du rock’n’roll :
un spécial Gene VINCENT.
Ce jour-là, je me suis fait engueuler.
Tout cela au nom de Dieu ?
Ah, nom de Dieu !
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:31
  
Karine
ma petite souris,
qui vit,
qui vibre;
j'aimerais pouvoir dire
à ceux qui n'ont rien compris,
à ceux qui t'ont perdue,
combien dès le premier jour,
ton charme et ta douceur,
enveloppent mon coeur
d'une affection,
d'un attachement,
où se mêlent à présent
tendresse et volupté;
et d'une amitié
qui ne s'éteindra jamais.
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:29
Ici, les champs descendent en collines jusqu'à la mer; les chemins serpentent entre les haies.
A cette pointe de la Normandie, tout ici, respire la sérénité.
Il y a les pierres des petits murets qui séparent les champs de blé; l'herbe, la mer qui joue avec le ciel, il y a une âme dans cette harmonie.
Ici, dans ce coin du bout du monde, il y a Herquemoulin, ou plutôt, "Helguemoulin" comme on appelait ce lieu il y a quelques siècles, quand mes ancêtres étaient païens; car c'est bien vrai que cet endroit est béni des dieux.
Ici, le temps semble s'être arrêté.
Quand la rosée du matin met la mer à plein, les vagues se fracassent sur les rochers, et sous la brise, frissonnent les blés.
Des grappes de nuages en coton blanc se baladent dans le ciel, tranquillement.
 
Et les paysans et les marins d'ici qui se rient du crachin qui tombe sur leurs visages rougeauds, vivent au rythme de la pluie et du beau temps qui leur apportent, des saisons, parfois la désolation, mais aussi les moissons.
 
As-tu d'jà bu une moque au t'chu du tounné ?
As-tu d'jà senti l'odeu' du fourrage en été ?
As-tu d'jà vu rire ces gens aux visages burinés ?
 
Hé ben dis-té mon gars
que si t'as jamais vu cha
et qu'en plus que si t'es d'ichin,
ben ma fé d'eu ...
tu vaux pas bi mus qu'un horsain !
 
 
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 14:25
1997. QUELQUE PART EN BORISVIANIE ...
 
Le square était presque désert. C'était vers les cinq heures, un après-midi d'automne comme les autres, si ce n'était que cette année-là, la neige s'était mise à tomber plus tard dans la saison.
Les flocons, d'une belle couleur verte feuilletée, tombaient doucement en lanières inégales sur la petite place. Les enfants qui jouaient, essayaient de les retenir pour les collectionner, mais, dès qu'ils touchaient le sol, les flocons s'enflammaient aussitôt dans un crépitement d'étincelles laissant parterre une traînée verte.
Un vieil homme marchait lentement, les mains enfouies dans les poches de son manteau. A une cinquantaine de mètres de là, au kiosque à journaux, il vit un garçon d'une dizaine d'années s'arrêter quelques instants. Celui-ci, feuilletant un magazine, se mit soudain à courir en le serrant sur sa poitrine.
Aussitôt, le marchand sorti comme un fou, et se mit à poursuivre le gamin.
 
"Hé là toi, voyou, rends-moi çà! Au voleur!"
 
Le garçonnet se retourna tout en courant et vint buter contre le vieillard.
Celui-ci, prévoyant, le plaqua avec ses mains et chuchota au garçon affolé:
 
"Ne dits rien; n'aie pas peur et laisse moi faire".
 
L'enfant était paralysé. Déjà le marchand était près d'eux.
 
"Espèce de voyou, malhonnête!" criait-il.
 
Il leva la main, mais le vieil homme s'interposa.
  
"Mais attendez bon sang".
 
Il baissa la tête vers le petit et dit à voix haute en lui faisant un clin d'oeil:
 
"Je t'ai déjà dit cent fois de payer quand tu prends quelque chose" Et relevant la tête vers le marchand: "Excusez-le mais je lui ai dit qu'on allait acheter un magazine et il n'est pas bien au courant de la façon de l'acquérir, il est encore très jeune. Tenez et excusez-moi encore".
 
Il tendit à l'homme deux pièces d'étain et une autre de tissu. C'était bien plus que le prix de la revue, et le marchand d'automne - qui ne tenait le kiosque qu'en cette saison - n'insista pas. Il repartit néanmoins en maugréant et en jetant des regards suspicieux au vieillard et à l'enfant.
Le petit garçon tenait le magazine droit contre lui, des deux mains, et regardait le vieil homme qui reprenait sa route.
 
"Hé m'sieur, merci m'sieur ! Heu ... pourquoi vous avez fait çà m'sieur?"
 
Le vieil homme s'arrêta.
 
"Et toi, pourquoi?"
 
Le petit garçon regarda parterre, l'air bougon, et haussa les épaules. Le vieil homme soupira.
 
"Trahit sua quemque voluptas".
 
Le petit garçon le regarda, l'air ahuri, comme s'il venait d'Arcanis.
 
"Quoi, qu'est-ce que vous dites?"
 
Le vieil homme sourit.
 
"Ah, ce n'est rien, je pensais tout haut. C'est une maxime de Virgile qui dit que chacun a son penchant qui l'entraîne. Cela veut dire que chacun fait les choses qui lui plaisent; mais ce n'est pas toujours bien tu sais, comme ce que tu viens de faire, surtout sans raison."
 
Le garçon pinça les lèvres en une drôle de mimique.
 
"Comment t'appelles-tu?"
 
"Thierry... - répondit l'enfant - et toi?
 
 - Anatole.
 
 - Anatole; comme l'âne?
 
 - L'âne? Quel âne?
 
 - Celui de la bande-dessinée ... Philémon ! C'est dans Pilote !
 
 - Ah bon! Et tu lis çà toi?
 
 - Ouais c'est super. Dis Anatole, c'est qui "argile"?
 
 - Pas argile, Virgile!
 
 - Ah c'est un de tes copains?"
 
Le vieillard se mit à rire.
 
"Oh, non ! C'est un monsieur qui existait autrefois, dans l'antiquité d'un monde parallèle".
 
Ils s’arrêtèrent quelques instants pour regarder une petite vieille qui faisait du patin à roulettes sur la grande place, tout en jouant au bilboquet. Son chapeau était couvert de boulons multicolores sur lesquels des lanières de neige s’agrippaient. Elle tournait assez vite, en poussant des petits gloussements de satisfaction à chaque fois qu'elle arrivait à rentrer le morceau de bois dans un des quinze trous de la boule.
Le vieil homme se tourna vers Thierry.
 
"Mais dis-donc, tu n'es pas à l'école?
 
 - Ca va pas non? C'est les vacances!
 
 - Ah. Et tes parents ne sont pas en vacances eux?
 
 - Non, pas maintenant. Mon papa travaille à l'Energie Du Futur et ma maman, elle fait des ménages.
 
 - Et tes copains?
 
 - Bof, eux ils sont partis en vacances; en colo !
 
 - Hum! Dis, tu veux manger une glace?"
 
Les yeux de Thierry s’écarquillèrent.
 
"Oh ouais, super !!!"
 
Un poisson volant passa tout près de leurs têtes quand ils entrèrent dans le salon de thé.
 
 
 
* * * * *
 
 
 
                Ils en ressortirent une heure après. Le regard de l'enfant brillait de plaisir. Il avait littéralement dévoré une de ces nouvelles glaces composées de trois boules au goût de foin coupé, transparentes comme du cristal.
 
"Bon, hé bien je vais rentrer; - dit Anatole - tu ferais bien d'en faire autant, ta maman va s'inquiéter."
 
Thierry regardait au loin.
 
"Bof, j'ai le temps tu sais. Hé, je peux aller avec toi un bout de chemin; comme ça, je verrai où tu habites."
 
Anatole acquiesça d'un signe de la tête.
  
"J'habite pas loin tu sais."
 
Il tendait le doigt vers une petite maison nichée au fond d'une impasse.
 
"Mais qu'est-ce que tu fais comme travail ?" demanda Thierry.
 
"Oh, rien. Je suis à la retraite maintenant. Alors je lis, je me promène...
 
- Ah! Alors je pourrai venir te voir demain ?"
 
Le vieil homme lui tapota la tête.
 
"C'est d'accord. Allez à demain."
 
Il regarda partir Thierry, sourit en haussant les épaules, et rentra chez lui.
 
 
 
* * * * *
 
 
 
L'enfant revint le lendemain et plusieurs fois les jours suivants. Il s'établit entre Anatole et Thierry une complicité de plus en plus grande au fil des jours.
L'enfant venait souvent en fin d’après-midi pour faire collation. Après ils allaient faire un tour dans le parc. Ils parlaient ... l'un de Virgile, l'autre de bandes-dessinées.
 
Thierry questionna Anatole sur son passé. Le vieil homme lui raconta comment il avait travaillé dans le boulonnage des arbres métalliques de la ville. Ensuite, à l'âge de trente cinq ans, il avait pris sa retraite jeunesse pendant dix ans, ce qui permettait à ceux qui n'avaient pas de travail de pouvoir prendre la place de ceux qui s’arrêtaient pendant quelques années.
Pendant cette période, Anatole avait effectué plusieurs voyages dans le monde parallèle et en avait rapporté quantité de livres et de souvenirs avant que le passage ne se referme; cela, depuis la dernière guerre qui avait ravagé en grande partie l'autre monde.
 
Plus personne depuis ces années n'avait eu la possibilité d'y retourner, car le gouvernement de Borisvianie en avait fait condamner l’accès.
Ensuite, pendant sa deuxième période de travail, le vieil homme avait écrit des articles dans la revue nationale en tant que scribain public et il avait pris sa retraite définitive depuis trois ans.
 
Un jour, Thierry lui demanda:
 
"Dis, toi, t'en as pas d'amis ?"
 
"Oh tu sais, ils sont morts maintenant. Et puis des amis, on en a pas comme çà. Tu as lu le petit prince ?"
 
"Attends, - lui dit Anatole - regarde!"
 
Il alla à sa bibliothèque et revint un petit livre à la main.
 
"C'est un livre que j'ai eu il y a quelques années dans cet autre monde dont je t'ai parlé. C'est l'histoire d'un petit garçon à qui il arrive plein d'aventures, et un jour il rencontre un renard qui lui dit ... qui lui dit ... ah voilà le passage : écoutes ..."
 
" S'il te plaît ... apprivoises-moi.
 
 - Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
 
 - On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez des marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoises-moi ! "
 
"Tu vois, l'amitié, c'est un peu comme Virgile a écrit de l'amour: Omnia Vincit amor. Cela veut dire que l'amour triomphe toujours."
 
"C'est pour ça que tu m'as aidé la première fois ? C'est parceque t'aime tout le monde ?"
 
"Oh non! Tu sais, on ne peut pas aimer tout le monde. Tiens, je te le prête" lui dit-il en lui tendant le livre.
 
 
 
* * * * *
 
 
Dans leurs promenades, il leur arrivait souvent d'aller au parc voir le montreur d'hologrammes. Il était toujours accompagné d'un bulleur qui n'avait qu'à souffler entre ses doigts savonneux. les bulles ainsi matérialisées, l’olographe imprimait des images à l'intérieur, par la pensée.
Ce jour-là, l’olographe ne vint pas. A sa place, il y avait un orgue de barbarie qui égrenait un air de musique moderne. Le jeune homme qui tournait la manivelle avec régularité semblait perdu dans ses pensées; il ne semblait pas voir sa compagne qui courrait dans tous les sens, ramassant çà et là les pièces d'étain que les gens leur jetaient.
Anatole et Thierry les regardèrent un instant, et reprirent leur chemin en direction de la maison.
La journée touchait à sa fin.
 
A quelques mètres de la petite impasse, ils entendirent un bruit derrière eux. Ils se retournèrent et virent deux hommes d'une trentaine d'années surgir d'une rue transversale en courant. Il était trop tard pour esquisser un geste; déjà les deux hommes étaient sur eux. Ils commencèrent à frapper Anatole tout en lui ordonnant de leur donner son portefeuille. Sous les coups, le vieillard tomba à terre; Thierry, en criant pour attirer l'attention, s'était accroché au bras d'un des deux hommes et essayait de le frapper pour que celui-ci lâche Anatole. L'homme se retourna et envoya rouler Thierry plus loin, avec violence. A présent, Anatole gisait à terre, et un des hommes lui fouillait les poches. Une fois l'argent pris, ils repartirent en courant; l'agression n'avait pas duré plus d'une minute, et personne dans le voisinage ne s'était manifesté.
 
Thierry aida Anatole à se relever et le conduisit à la maison en le soutenant. Le vieil homme se tenait le ventre en grimaçant.
 
Une fois chez lui, il ne voulu pas téléphoner au docteur. Il rassura Thierry en lui disant qu'il allait se reposer, que cela ne serait rien. Deux coups furent frappés à la porte qui s'ouvrit presque aussitôt. Une femme d'une quarantaine d'années se tenait sur le seuil. C'était la concierge de l'immeuble d'à côté qui avait entendu un bruit de lutte, et vu Anatole rentrer, soutenu par l'enfant. Elle dit à celui-ci de repartir chez lui, qu'elle allait appeler un docteur. Anatole reposait sur son lit; il avait l'air plus calme. Il dit aurevoir à Thierry, et ce dernier lui promit de revenir le lendemain, à la première heure.
 
 
 
 * * * * *
 
 
Quand Thierry arriva chez Anatole, vers huit heures du matin, les employés de l'Energie Du Futur commençaient leur tournée d'extinction des compteurs lunaires.
 
Arrivé à l'entrée de l'impasse, l'enfant s’arrêta net. Au fond de celle-ci un fourgon vert et bleu avec le symbole de l'éternité peint dessus, redémarrait de chez Anatole. Thierry en avait vu souvent de ces camionnettes et il savait à quoi elles servaient. A l'entrée de la petite maison, la concierge se tapotait les yeux avec un mouchoir. Prés d'elle, un homme habillé de noir, l'air docte, lui tendait un papier à signer. Le fourgon passa prés de Thierry qui le suivit des yeux.
 
Il aurait voulu crier, retenir le fourgon qui maintenant prenait de la vitesse et disparaissait au loin. L'enfant fit quelques pas dans la direction où le véhicule avait disparu. Il essuya les larmes qui coulaient sur ses joues. A présent, il restait là, les yeux dans le vague; il revoyait la silhouette d'Anatole s'avancer comme dans un brouillard. Il restait figé, se remémorant leur première rencontre...
 
Le vieil homme était parti comme il était venu, sans bruit; mais il y avait quelque chose de changé chez le petit Thierry. Il se dirigea vers le square, avec désormais la nostalgie de cette amitié accrochée au coeur, comme un petit morceau de soleil qui ne s'éteint jamais quand l'autre est parti.
 
  
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